Arbre câblé

Point sur les arbres câblés

En 2007, l’ONEMA (maintenant nommé OFB – Office Français de la Biodiversité) a suggéré au Syndicat de câbler des arbres lorsque cela était possible afin de diversifier les habitats du milieu aquatique tout en assurant la sécurité publique. Cette action initialement menée en partenariat avec la fédération de pêche de la Vienne consiste à fixer en berge à l’aide de câbles d’acier certains arbres tombés ou abattus lors de l’entretien des cours d’eau.

Après l’accord du propriétaire, nous ébranchons les parties émergées afin de limiter les embâcles. Ces arbres sont placés dans ou à proximité des fosses le long de la berge. Ils apportent à la faune piscicole une zone de caches, d’alimentation et pour certaines espèces un support pour la reproduction. Ils servent également de support pour les oiseaux.

La première partie de l’article suivant expose la partie technique, la seconde aborde quelques résultats.

Cette action novatrice et peu couteuse permet d’améliorer l’habitat aquatique et ainsi la biodiversité de la rivière mais également de limiter les manipulations (moins de rémanents à sortir et à bruler). Le Syndicat dispose en plus du matériel d’abattage, l’expérience et la connaissance du terrain.

Remarque :
« Le bois, ça flotte » … oui, sauf que : quelques bois exotiques ont une densité (= masse volumique) supérieure à 1 comme le boco mais aussi les bois dits « verts » (juste coupés) qui ont des densités proches de 1 pour le chêne, châtaignier, hêtre,… Il y a aussi, dans le cas des arbres câblés, le poids de la partie émergée qui pèse sur la partie immergée. Il y a également quelques cas particuliers comme les concrétions calcaires qui se fixent sur le bois et l’alourdissent ou encore les souches avec la terre, pierres,…

Différentes étapes du câblage d’un arbre.

Objectifs et enjeux

L’opération est un compromis entre les objectifs du Syndicat, la Fédération de Pêche, l’ONEMA et les propriétaires. Le fait de laisser des arbres dans l’eau permet de constituer une à trois zones du cycle des espèces aquatiques (zone de refugezone d’alimentation, zone de reproduction). Respectivement, les branches forment des caches, le support bois est exploité par les petites espèces qui nourrissent la chaine alimentaire et les branches peuvent être un support de pontes pour les sandres et les perches.

Toutefois les parties émergées sont dans la majorité des cas coupées et retirées afin de ne pas gêner la circulation de l’eau.

Principe

Conserver des caches, amener les arbres le long de la berge. Éviter les abords des ponts, moulins, ouvrages et les pentes importantes. Privilégier les zones calmes et profondes. Durée de vie >5 ans (à déterminer avec le suivis).

Technique

La sélection de l’arbre : c’est le compromis entre
– l’arbre (espèce, possibilité de l’installer le long de la berge et surtout la densité des branches)
– l’accord du propriétaire
– le cours d’eau (profondeur, taille, pente, ouvrage à proximité,…)

L’abatage (quand l’arbre est encore sur pied) : étape importante, conseils
– abatage dirigé le long de la berge plutôt que de ramener l’arbre après sa chute
– maitriser les techniques d’abatage (surtout les tenons, coins, leviers,… toujours en tenues de sécurité)
– éviter les arbres trop morts, il risque de se casser à la chute

Le choix du câble :
– diamètre du câble (nous utilisons du 6mm résistance environ 2T)
– nature du câble (inox, acier, acier + PVC, acier + gainage plastique,…)
– sertissage du câble (nous utilisons des manchons en aluminium diamètre 6mm avec une pince spéciale)

Après avoir positionné l’arbre le long de la berge, il faut le câbler en faisant un nœud coulant sur l’arbre et une boucle fixe sur le point d’ancrage (des U en fer à béton peuvent être nécessaire pour fixer le câble à la souche ou faire des oreilles à la tronçonneuse).

Le coût de l’opération

Le câble en acier coute environ 0.86€ le m en diamètre 6mm à 7 torons, quant au câble inox même diamètre coute 2.16€ au m (prix en 2008, dépend énormément des cours de l’acier). Il faut compter entre 2,5 et 8m de câble (moyenne entre 3 et 4 m) par arbre. Les manchons pour sertir les câbles coutent 0.2€/pièces et il en faut 4 par arbres soit un cout approximatif par arbre de 5€. Le matériel nécessaire varie entre les éléments conséquent (tracteur, véhicule 4×4, tire-fort, câble 25m, treuil, barque,…) et le petit matériel de bucheronnage (une tronçonneuse polyvalente, une corde,…). D’un point de vue humain, 2 personnes suffisent dans la plupart des cas.

Le temps passé pour un arbre cablé est généralement compris entre 1 et 4 heures.

Difficultés rencontrées 

A ce jour une trentaine d’arbre ont été disposés et aucun n’est parti avec les crues, il faut suivre sur plusieurs années leur état pour déterminer leur dégradation et la fiabilité de la pose.

Nous rencontrons deux difficultés d’ordre général, la première est le compromis entre l’arbre assez garni en branches et le cours d’eau (largeur, profondeur, courant, obstacles,…). La deuxième difficulté est de bien faire tomber l’arbre, en limitant la casse des branches notamment, d’autres arbres pouvant gêner la chute, le sujet pouvant être trop penché pour être ramené, …

En note, les propriétaires ne s’opposent pas à ce genre d’opération et sont très réceptifs à l’utilité de « l’aménagement ».

Suivi

Le suivi se déroule par des relevés visuels tous les ans courant juin à septembre pendant 5 ans. Il recense dans une base de données la dégradation de l’arbre, le volume de caches,… afin d’avoir un retour d’expérience étayé et de déterminer les avantages et les inconvénients de ce type d’aménagement.